Actualités : L'excès de travail

Il avait 24 ans lorsqu'il s'est donné la mort en 2010. Ce jeune Japonais était harcelé au quotidien par son employeur, un patron d'une société de restauration basée à Tokyo. La justice vient de se prononcer.


Il était plein d'énergie, avec une volonté de fer. Celle dont seul un jeune homme d'une vingtaine d'années est capable. Il avait commencé à travailler pour la société «Sun Challenge» en 2007, une entreprise spécialisée dans la restauration des viandes. Très vite, son travail était remarqué. Nommé à la tête d'un des restaurants de la chaîne de Tokyo en juillet 2009, l'enfer pouvait alors commencer. Durant sept mois, l'employé effectuait jusqu'à 200 heures supplémentaires par mois, subissait des violences physiques et morales de son supérieur, tout en ne prenant que deux jours de congés. Malgré les conseils de ses parents et de sa famille, il a continué. Son dévouement était trop grand. Le point de non retour est arrivé en début d'année 2010. A bout de souffle, exténué, trop faible psychologiquement, il décide de mettre fin à ses jours à l'aube de ses 24 ans.

Quatre ans plus tard, la famille n'a pas baissé les bras pour rendre justice à son enfant. Et elle a eu raison. La Cour de Tokyo a ordonné à la chaîne de restauration et à deux de ses dirigeants de verser une amende de 57,9 millions de yens, soit environ 400 000 euros, de dommages et intérêts aux parents du jeune homme. La Cour a jugé que le patron de la société «Sun Challenge» et un autre responsable étaient coupables de ne pas mettre fin à cette surcharge insoutenable de travail. «Un travail sans relâche et un harcèlement hiérarchique sont à l'origine des troubles mentaux qui ont conduit la victime à se donner la mort», a déclaré Akira Yamada au journal «Japan Times».


Au-delà de cette affaire, la décision de la Cour de Tokyo pourrait bien faire jurisprudence et faire évoluer les mentalités dans un pays où le droit du travail est parfois non respecté. Une mentalité qui doit également changer dans l'esprit des japonais. Le dévouement à l'entreprise, l'acceptation de trimer au détriment de la santé ou même de sa vie… Le Japonais appelle cela le «karoshi» : «mort par excès de travail». L'avocat de la famille de la victime pense que les lignes vont bouger. «Ce verdict est une décision qui fera date et devrait encourager les travailleurs en souffrance à se défendre», a-t-il déclaré au «Japan Times».


Source : Paris-Match